Macron et les fake news


« Alors, t’as vu ? Emmanuel Macron est gay, sa campagne a été financée par l’Arabie Saoudite et soutenue en douce par France Télévisions, il détient des comptes secrets aux Bahamas, et en plus il prend de la cocaïne ! »

Qui d’entre nous n’a pas entendu ou lu une de ces rumeurs croustillantes sur celui qui allait devenir le Président de la République ? Info ? Intox ? Fake news ? Nous les avons décortiquées une par une. Vous aller savoir à qui elles profitent, comment elles sont fabriquées, qui les relaient, mais aussi pourquoi nous avons envie d’y croire…

C'est quoi une Fake News ?

Pour Donald Trump, celui qui a popularisé l’expression « fake news », c’est nous, les journalistes, qui sommes les « fake News ». Un comble quand on connaît le nombre de mensonges ou d’approximations proférées par l’intéressé sur son compte Twitter.

Les fausses nouvelles intentionnelles et autres tentatives de désinformation qu’on nomme aujourd’hui « Fake news », « Infox » en français (selon la Commission d’enrichissement de la langue française), ne sont pas une nouveauté. Chez les journalistes, il est de coutume de dire qu’en cas de conflit, la première victime, c’est la vérité. Ce qui a changé, c’est qu’à travers la puissance des réseaux sociaux, un mensonge fait le tour de la planète en quelques minutes, et son impact peut influer, notamment sur le résultat d’une élection. On a pu le constater lors de la dernière élection présidentielle aux Usa et lors du Brexit au Royaume-Uni. Les fake news sont donc potentiellement destructrices pour nos démocraties. Alors comment faire ?

La loi anti Fake-news

Sitôt élu Emmanuel Macron a sorti une loi de son chapeau de Président. C’est la tradition en France, quand on a un problème, on brandit le bouclier législatif. Mais demander à un juge de décider en 48 heures si une info est vraie ou fausse, est-ce raisonnable et est-ce vraiment la solution ?
Pour beaucoup d’observateurs, cette loi écrite et votée en procédure d’urgence pourrait s’avérer contre-productive voire liberticide. Deux exemples tirés de l’actualité récente le démontrent aisément.
Lorsque Mediapart affirme pour la première fois que Jérôme Cahuzac n’a pas déclaré la totalité de son capital, et qu’il détient un compte caché à l’étranger, les preuves de sa culpabilité sont pour le moins ténues. Le site d’information s’appuie alors sur un message vocal laissé sur le répondeur d’un téléphone mal raccroché, mais ne connaît ni le numéro du compte, ni sa domiciliation, et Jérôme Cahuzac nie en bloc. Que ce serait-il passé si un juge avait considéré les révélations de Mediapart comme une fake news et avait, 48 heures après sa parution, déréférencé l’article ? Les investigations plus poussées du site d’information ont ensuite prouvé qu’ils avaient vu juste et que le ministre du budget en poste à l’époque se trouvait bien dans l’illégalité.

Dans le même ordre d’idée, début 2017, le Canard Enchainé révèle que Penelope Fillon est salariée de son époux François et de son suppléant depuis plus de 15 ans, mais qu’elle ne peut justifier aucune activité ou travail effectué en lien avec la fonction parlementaire de son mari. À l’automne 2018, plus d’un an et demi après le début de l’affaire, la justice n’a toujours pas rendu son verdict. Un juge aurait-il pu se prononcer sur la véracité de ces affirmations, ou les condamner, immédiatement après leur publication par le Canard Enchainé ?
Avec une telle loi, la ligne est fine entre la lutte contre la manipulation de l’information, et la censure.

Le sens critique

Comment donner les outils ou techniques aux millenials, ces générations nées avec un smartphone à la main et qui passent 6 à 7 heures par jour à forwarder des contenus à la provenance plus ou moins douteuse ?

L’apprentissage du sens critique semble être la seule réponse.
D’abord, qu’est-ce qu’une information : quelle différence avec une opinion, un commentaire, un témoignage ? Et puis : qui me parle ? Puis-je avoir confiance en cette personne ? Est-elle la seule à donner cette info ? Enfin : est-ce que j’y crois parce que le buzz me fait plaisir, et que j’ai envie de le partager pour être un des rebelles sur le Net ?…

Avec Stop Intox, nous poursuivons ce but d’éducation, en donnant des outils pour vérifier une image ou une url, pour réfléchir à ces questions, en open source pour que chacun puisse s’en emparer, et se forger une opinion. Nous souhaitons être (le moins possible) manipulables par ceux qui veulent nous berner en remplissent les tuyaux pour se faire mousser ou élire…

 

Un film réalisé par Christophe Tisseyre et Thibault Pomares
Produit par John Paul Lepers

Gérald Bronner
Sociologue et professeur de sociologie à l’université Paris Diderot. Il travaille notamment sur l’incertitude, les perceptions, les croyances collectives et les biais cognitifs. Romancier, auteur, il est l’auteur de plusieurs livres et essais, notamment La démocratie des crédules.
Son Facebook, sa page d’auteur aux PUF

Jean-Marc Manach
Journaliste, spécialisé dans les nouvelles technologies, la protection de la vie privée, et la surveillance de masse. Auteur du blog Bug Brother, il est membre fondateur des Big Brother Awards.
Son Facebook, son blog au Monde

Jean Pierre Canet
Journaliste, co-fondateur de l’émission Cash Investigation, ancien rédacteur en chef d’Envoyé Spécial, il est membre du collectif Informer n’est pas un délit.
Son Facebook, le site Informer n’est pas un délit

Mounir Mahjoubi
Secrétaire d’Etat au Numérique. Ancien entrepreneur, ancien président du Conseil National du Numérique. En janvier 2017 il rejoint la campagne d’Emmanuel Macron, où il est responsable du numérique. En première ligne sur les fake-news concernant le candidat.
Son Facebook, sa page au gouvernement

Bruno Studer
Député LREM ; rapporteur de la proposition de loi  relative à la lutte contre la manipulation de l’information dite loi « Fake News ». Il a fait sa carrière professionnelle comme professeur d’histoire géographie. En 2014, il entre en politique sous étiquette UDI lors des municipales à Strasbourg, et rejoint LREM en avril 2016.
Son Facebook, sa page à l’Assemblée Nationale

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Projet global d’éducation populaire aux médias et à Internet

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